En attendant le G7 à Charlevoix
by La Tomate noire on Août.05, 2017, under Général
La Malbaie, située dans la région de Charlevoix, recevra le sommet du G7 en 2018(1) et ce texte se veut une réflexion sur la stratégie à adopter par les militants et militantes qui se déplaceront sûrement pour l’occasion. Ce texte fait suite aux importantes manifestations qui ont eu lieu dans le cadre du sommet du G20 il y a quelques semaines à Hambourg(2). Je ne serai probablement pas très original en ramenant la question de la violence et de la non-violence sur les devants de la scène, mais les événements d’Hambourg et la tenue prochaine de ce sommet dans Charlevoix me poussent à le faire.
Je comprends tout à fait le désir de recevoir de pied ferme les dirigeant-e-s des grandes puissances de la planète et je ne remets pas en question les bonnes intentions des militants et militantes qui ont décidé à Hambourg d’affronter directement la police en ayant parfois recours à la violence. Le système dans lequel nous vivons est d’une violence inouïe et les décisions prises en notre nom derrière des portes closes sous le regard bienveillant des flics ont des conséquences désastreuses sur la vie de milliards d’individus sur Terre. Il n’est pas inutile de le rappeler.
Certains et certaines ont semblé crier bien rapidement à la victoire devant la résistance observée à Hambourg (malgré le fait que le sommet a bel et bien eu lieu comme prévu), mais je me demande si nous ne sommes pas en train de glorifier une fois de plus la destruction pour la destruction et la violence envers les flics comme une fin en soi. Bien que la position la plus répandue chez les anarchistes soit la diversité des tactiques, le milieu semble avoir choisi son camp il y a longtemps, c’est-à-dire un préjugé favorable envers des tactiques plus agressives. Le seul fait d’exprimer une préférence envers la non-violence semble suspect dans le milieu anarchiste et on crie rapidement au manque de solidarité.
Le fait est que je me questionne drôlement sur ma présence à Charlevoix. Non seulement je devrai potentiellement affronter la violence des flics, mais je risque de me retrouver avec des gens avec lesquels je me sens de moins en moins en accord d’un point de vue éthique/stratégique. Le comportement de certains et certaines fait en sorte que plusieurs citoyens et citoyennes demanderont encore plus de sécurité pour protéger les crapules de ce monde et de répression pour mâter les manifestants et manifestantes. Sommes-nous donc réellement gagnants et gagnantes?
De la même manière que les anarchistes s’organisent dès maintenant sur une base horizontale, dans la mesure où elles et ils aspirent à vivre dans un monde sans hiérarchies, pourquoi ne pas s’organiser dès maintenant sur une base non-violente, dans la mesure où les anarchistes aspirent à vivre dans un monde sans violence? Les échanges et les discussions au sein du milieu radical me semblent essentiels et il serait peut-être temps qu’on arrête d’évacuer le débat sur la violence/non-violence avec la diversité des tactiques ou en refusant toute forme de remise en question de nos choix éthiques et stratégiques comme étant non solidaires avec nos camarades de lutte.
Bakou
(1) http://beta.radio-canada.ca/nouvelle/1036240/justin-trudeau-sommet-g7-charlevoix
(2) http://beta.radio-canada.ca/nouvelle/1043760/g20-allemagne-hambourg-securite-police-manifestations-militants-black-blocs