La Tomate noire

Archive for juin, 2014

La police au service des flics et de la police

by on Juin.21, 2014, under Général

J’ai parlé il y a un peu plus d’un an de ce que je perçois comme un délabrement de pouvoir civil au profit du pouvoir policier. Dans ce cadre, la police – et en particulier le SPVM – ne se comporte plus comme une police politique classique, dont le rôle serait de soutenir le régime en place. Au contraire, elle se soutient elle-même, en tant que l’incarnation d’un levier de pouvoir qui s’oppose à celui des élu-e-s. Deux séries d’évènements parallèles ont peut-être encouragé ce pouvoir: la grève étudiante de 2012, qui a donné à la flicaille toute la latitude dont elle avait besoin pour devenir plus brutale et surtout agir en toute impunité; puis les divers scandales de collusion. Mais il peut tout aussi bien s’agir d’un mouvement global d’investissements monstrueux dans les institutions répressives et la sécurité, et de ce phénomène qu’on désigne souvent (et pas depuis peu) par le terme de militarisation de la police, sans que les agissements de la population aient réellement quelque chose à voir là-dedans.

La désobéissance civile et la collusion pourraient donc simplement servir d’arguments coïncidant par un malheureux hasard avec un contexte plus large de renforcement de la police. Des relations publiques, nécessairement, mais pas nécessairement de lien de causalité!

La manifestation syndicale (et également corporatiste, jusqu’à un certain point) de mardi dernier et la réaction du pouvoir civil sont une preuve de plus de l’augmentation du rapport de force de la police face aux élu-e-s. D’une part, Montréal a totalement perdu le contrôle déjà assez faible qu’elle avait sur le SPVM. Que des policiers/ères, à l’extérieur de leur shift, participent à des actions de perturbation, ça se peut, avec ou sans feu de poubelles. Mais qu’illes participent au même évènement en uniforme, avec leurs armes, c’est autre chose. On a parlé énormément de l’importance de la « neutralité de l’État », au cours du dernier mandat du PQ. L’État ne perd pas sa « neutralité » quand un-e de ses représentant-e-s prend position avec le port d’un signe religieux quelconque. Il la perd quand ses représentant-e-s et figures d’autorité utilisent leurs privilèges pour servir leurs propres intérêts, ou dans ce cas-ci les intérêts de leur corporation.

Le pouvoir civil, dont la légitimité et la force sont de plus en plus boiteuses, peine à se faire respecter. Est-ce que les objections et enquêtes de Denis Coderre vont réellement mener à quelque chose? Peu probable. Si c’est le cas, du moins, il est fort peu probable que des flics soient blâmé-e-s au point de mettre des individus en réelle difficulté, ou bien qu’un règlement vienne empêcher la même chose de se reproduire plus tard.

Rappelons aussi qu’alors que se déroulait ce rassemblement, un policier déjà poursuivi au civil arrêtait la demanderesse impliquée dans cette même poursuite, Jennifer (Bobette) Paquette, qui était présente au Palais de Justice de Montréal pour une autre cause (le règlement P-6). Cette activiste avait été ciblée, puis brutalisée sauvagement lors de la marche du 1er mai dernier. Elle avait subi des blessures graves. Assez abusif, vous trouvez pas?

Volontairement ou non, la journée du 17 juin 2014 fut donc une démonstration de force de la part des forces policières montréalaises. Quand sa corporation perd des privilèges, elle est prête à participer à des actes de perturbation (assez insignifiants, quand même, c’était pas super dangereux comme feu) que dans un autre contexte, elle punirait sévèrement. De plus, quand un de ses membres doit subir une poursuite judiciaire et donc en théorie répondre de ses actes (et je dis bien: en théorie[1]), il est en droit de mettre sa victime en état d’arrestation et de la détenir pour n’importe quelle broutille.

Cela montre bien que la police est devenue incontrôlable. Et lentement, elle s’éloigne du modèle Gestapo – la police du régime – pour se rapprocher d’un service d’ordre dont les actions sont moins contrôlées, comme les SA (les chemises brunes), ou même n’importe quel gang criminalisé, et dont les desseins sont plus autonomes.

 

La crétinerie arrogante des flics, l’idiotie manipulatrice des policitien-ne-s.

Les flics ne sont pas des lumières. S’illes avaient été intelligent-e-s, illes n’auraient pas paradé en uniforme et en véhicule, avec les autres syndiqué-e-s de la ville. Illes auraient employé plus de discrétion, de subtilité. Mais les flics n’ont pas besoin de faire preuve de finesse pour tromper des tas ahuris de citoyen-ne-s crédules. La sélection naturelle et les luttes de pouvoir n’avantagent pas nécessairement un QI élevé. Disons donc que leurs mensonges et exactions sont manifestes, sans toutefois nuire considérablement à leur position. Pourquoi? Sans doute parce que l’arme de prédilection des flics, c’est leur brutalité, pas l’intelligence. Et que la brutalité savamment appliquée est efficace.

En revanche, l’idiotie des politicien-ne-s finira par leur être fatale. Ce sont les politicien-ne-s qui ont accordé ce pouvoir aux flics. En 2012, mais aussi bien avant, illes ont lâché les chiens sur nous. La classe politique croyait sincèrement que les flics resteraient leurs ami-e-s fidèles et obéissant-e-s, qu’illes reviendraient s’asseoir dès qu’on leur crierait: au pied! Mais lâchée lousse, la police en a profité et se retourne maintenant contre elle (on se souvient entre autres de la querelle entre Hébert et Parent, encore une fois je vous réfère à mon texte de 2013), se servant du prétexte de la corruption[2] ou sincèrement préoccupée par le fond de pension de ses membres. Et les politicien-ne-s, profondément abruti-e-s, continuent de leur accorder de l’équipement neuf, des budgets élargis, et d’appuyer des règlements liberticides[3]. Normal, d’un certain point de vue: étant non-armé-e-s et ne possédant pas le monopole d’une violence physique directe, les élu-e-s ont profondément besoin des flics, beaucoup plus que l’inverse. Qu’aurait fait le maire de Mascouche si sa police avait refusé d’évacuer les dissident-e-s lors de ses conseils, jugeant qu’illes ne commettaient pas d’infraction?

 

Conclusion

Si le pouvoir civil était clairvoyant et dynamique, il chercherait ailleurs que chez la police le moyen de se faire respecter par la population, et lui retirerait une série de privilèges (par exemple, le règlement P-6!) tout en coupant son budget – et pas ses fonds de pension. Mais ceci n’arrivera pas. On ne peut pas compter sur les politicien-ne-s pour nous sauver de l’État policier, que celui-ci leur nuise ou pas. L’État est junkie de flics. Il augmente les doses petit à petit pour encore avoir son buzz. Et il y aura pas de désintox; juste une surdose, juste la mort.

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[1] Si les flics étaient jugé-e-s au criminel avec une cruauté équivalente à celle que subissent les activistes de gauche, il y en aurait eu des dizaines, voire des centaines en prison. Mais je ne la leur souhaiterai pas, parce que je suis contre la prison.

[2] Et en terme de corruption et de mafia, la police n’est pas en reste. Souvenons-nous du cas de Benoît Roberge, mais aussi de Philippe Paul. Deux grosses pointures. Et il y a aussi l’histoire trouble de Peter de Castris, (SQ), qui avait intimidé (et fait tabasser?) un fonctionnaire de Beaconsfield pour obtenir un permis. Ce ne sont que des exemples.

[3] Et que dire du choix de Poëti au sein du conseil des ministres? Ayant minimisé les gestes des flics du SPVM mardi dernier, il prend bien soin de rester fidèle à son ancienne carrière de casseur de gueules.

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Le droit au travail et les femmes (1979)

by on Juin.13, 2014, under Archives, féminisme

Je tenais à retranscrire et mettre en ligne ce texte de plus de la revue Focus. C’était une revue jeannoise et saguenéenne du tournant des années 70 à 80. Un de ses participants, Pierre Demers, la décrivait dans ces mots : « un mensuel autogéré, rédigé, publié ici qui se voulait alors féministe, socialiste, écolo, pro syndicaliste, parfois felquiste, régionaliste, antimilitariste, anti Alcan, anti médias officiels et qui a tout de même respiré librement de 1978 à 1983 ». Le texte qui suit est paru du #20 de mars 1979 et a été écrit par Marielle Brown-Désy.

« La libération des femmes, c’est dépassé; ça fait dix ans que vous chialez! C’est rendu que c’est plus l’égalité que vous cherchez, mais on dirait que vous voulez dépasser les hommes. Kiens… prend les femmes-médecins, les femmes-avocats, à c’t’heure, y a rien que de ça ». – un camarade, professionnel à l’UQAC.

Voilà, à titre d’exemple, une assertion, parmi tant d’autres, assénée avec le plus bel aplomb par un camarade qui n’est pas plus mâle-chauvin que bien d’autres et qui pourrait être votre frère, votre chum ou votre ami. On ne vous considérerait pas pour autant plus mal nantie que la moyenne! Après le super « candy » de l’année internationale de la femme, bien des hommes (et des femmes) qui avaient quitté leurs pantoufles un moment les ont rechaussées avec la conscience plus tranquille que jamais. Désormais, plus le moindre petit cor à l’orteil ne trouble le confort anesthésiant… Surmontons quand même un instant l’ambiance léthargique et voyons ce qu’il en est de ces « femmes de carrière en train de dépasser les hommes ».

« Nul doute là-dessus, dans l’emploi industriel, dans les professions libérales, dans les fonctions administratives les plus élevées et les plus fermées, les femmes ont, semble-t-il aujourd’hui, effectué une percée ». (1) Il s’agit au Québec d’une percée faite à l’aiguille, outil fin et féminin entre tous, si l’on considère qu’au début de 1977 on comptait vingt-sept femmes sur les mille sept cents cadres supérieurs de la fonction publique québécoise. Pourtant, en 1974, les femmes décrochaient 38% des diplômes de premier cycle et 30% des diplômes de second et troisième cycles de nos universités.

Dans ces mêmes universités, temples du haut savoir, vouées à des fonctions d’éducation traditionnellement réservées aux femmes, vous devrez chercher encore longtemps une femme recteur ou vice-recteur. Occasionnellement, en ratissant les effectifs-cadres, vous dénicherez une ou deux doyennes de faculté, craintives et en équilibre instable entre deux chaises, en attente du remplaçant de l’intérim! À vrai dire, même en prenant une loupe, on ne saurait trouver au Québec des femmes en poste de pouvoir et ce de façon vraiment représentative de leur sexe. Elles sont toujours sous-représentées aux instances suprêmes! Ceci est vrai autant dans les affaires sociales ou juridiques que dans les partis politiques ou les centrales syndicales. Ne parlons pas de l’Église…

Les instances de pouvoir constituent des fiefs gardés et des aires de jeux éminemment masculines. Les petites sœurs peuvent bien jouer autour en faisant la cuisine dans une officine d’avocat. Ce n’est pas demain qu’elles partageront le pouvoir!

À tant glosser sur les quelques femmes de la petite bourgeoisie intellectuelle qui à coup de courage, de griffes et de dents occupent le rebord des marges des hautes instances décisionnelles de la nation, on serait tenté d’oublier cette majorité de femmes travailleuses, dociles exécutantes, bassin de main d’œuvre à bon marché.

« Si on connaît tant de chômage à l’heure actuelle, c’est un peu beaucoup à cause des femmes qui ont envahi le marché du travail ». – un travailleur manuel syndiqué

Neuf chances sur dix que vous ayez déjà entendu un tel discours! Que vous l’ayez lu aussi en mots plus savants dans quelque journal local. Rien de surprenant à cela. Depuis les origines mêmes du capitalisme on tente à chaque crise structurelle du système d’en reporter les causes sur les plus petits de l’échelle hiérarchique. Or, il se trouve que les plus petits de l’échelle sont des petites. Des petites exerçant des emplois subalternes dans les pires conditions de travail, sans possibilité de promotion, victimes d’une insécurité à l’emploi énorme qui les fait chômeuses à la première occasion.

Au Québec, 36,6% de la main-d’œuvre est constituée par des femmes… Et, sur dix travailleuses, sept ont un revenu inférieur au seuil de la pauvreté. De la totalité des travailleurs [et travailleuses] assujetti[e]s à la loi du salaire minimum, 70% sont des femmes.

Pour les partisans de la thèse selon laquelle « les femmes volent les jobs des hommes », il faut quand même préciser que les femmes grossissent les secteurs d’activité économique les moins bien payés. Elles sont en fait cantonnées dans des ghettos de travail dits féminins. Tout ça est corroboré si l’on se rappelle qu’il demeure un écart de 45% entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes.

En fait, (cette fois-ci, on se sert de données canadiennes, n’ayant pu trouver les chiffres québécois correspondants) les deux tiers des femmes au travail se concentrent dans quatre secteurs principaux :
– travail de bureau
– commerce
– les métiers de service et vendeuses
– professions (enseignement, sc. Infirmières)

On peut également dire que les occupations de la majorité de la main-d’œuvre féminine perpétuent la sexualisation des tâches et les préjugés traditionnels sur le rôle de la femme. En fait, au cours du processus d’industrialisation et d’urbanisation (depuis le début du siècle au Québec), on a dû à regret, avec moultes déchirements, pour des raisons hautement économiques, substituer à la mère-génitrice, à la mère-matrice, à la mère aux records reproducteurs, une femme au travail orientée vers les tâches les plus serviles, les moins rémunératrices.

À vrai dire, les besoins de l’industrie et de la production capitaliste requéraient un contingent accru de travailleurs [et travailleuses] à rabais et une partie des femmes ont été immolées sur l’autel du profit. Il s’agissait cependant en quelque sorte d’un sacrifice contrôlé… Grâce à Dieu, sur le marché du travail on maintiendrait la hiérarchie déjà présente au foyer. La dichotomie homme-femme se prolongerait non seulement dans l’importance des rémunérations rattachées au travail mais bien aussi dans le type même de travail dans lequel on embrigaderait les femmes.

C’est ainsi que peu à peu se sont précisés des métiers dits féminins. On a pu de cette façon justifier le fort pourcentage de femmes embauchées dans l’industrie textile (s’il y a un travail traditionnellement féminin, c’est bien le tissage et la couture), dans l’enseignement (la mère-éducatrice), dans le travail infirmier (la mère-soignante), dans le travail de secrétariat (qu’on a féminisé à souhait… la discrète collaboratrice efficace de l’homme important), dans les services d’hôtellerie et de restauration (suite logique du « torching dévoué » au foyer).

On a enregistré au cours des années la disparition graduelle des effectifs mâles aux postes de vendeurs et de commis de bureau. Plus ces tâches se féminisaient, plus les salaires rattachés à ces fonctions faisaient un dumping spectaculaire.

Bref, pour fins de production capitaliste on a dû à contre-cœur ouvrir les portes du marché du travail à une main-d’œuvre féminine. Mais, encore fallait-il en contrôler les orientations et aussi, on le verra plus loin, contenir l’importance de son débit.

« Moé j’sus pas d’accord pour que ma femme travaille. On a trois petits à la maison. Le bébé a rien que six ans. Y ont besoin de leur mère à journée longue… Pis moé j’aime ça que le manger soye fait’ quand j’arrive chez nous ». – un travailleur, père de famille

Contrôler l’accès des femmes sur le marché du travail, c’est forcément pouvoir les retourner à la maison lorsqu’on veut bien. Si l’industrie a besoin de main-d’œuvre bon marché, elle a aussi besoin d’une future main-d’œuvre et de l’entretien de sa main-d’œuvre actuelle. Rien de mieux pour ces diverses petites tâches que les épouses-mères-ménagères pas payées. Car, n’ayez crainte… sans poinçonner chaque matin, la ménagère-reproductrice sert encore fidèlement les besoins sacro-saints de la production. Elle le fait autrement c’est tout. Ainsi, les meilleures raisons que l’on trouve encore aujourd’hui pour limiter l’accès des femmes au travail rémunéré ce sont les enfants, nourrissons ou jeunes écoliers.

Alors qu’au début du siècle on rechignait à propos de la présence des jeunes filles sur le marché du travail, alors qu’au cours des années cinquante on discutait encore sur la pertinence de l’autorisation officielle du mari pour l’embauche des femmes, aujourd’hui, en pleine crise du système, on prône l’allaitement maternel et la constante présence amoureuse de la jeune mère auprès des nourrissons, des enfants d’âge pré-scolaire et en début de scolarisation. Cependant qu’au cours de la seconde guerre mondiale on vantait à pleines pages de journaux les bienfaits de la nutrition des nouveaux-nés au… biberon (faut dire que l’on avait drôlement besoin des femmes dans les usines de munitions avec tous ces hommes attendant de débarquer quelque part en Normandie…).

On voit donc que les idéologies, c’est comme pour le civisme, ça s’exprime par une foule de petites choses! Or, rien de plus insidieux qu’une idéologie. Rares sont les hommes et les femmes qui se sentent sécurisé[e]s en tentant d’échapper à la gangue de comportements qui leur sont dévolus par leurs rôles traditionnels. Le père-pourvoyeur, la mère-reproductrice avec toutes les tâches connexes correspondantes, ce sont encore des valeurs sûres au Québec. En parlant des garderies-parking d’enfants, des garderies-cages dans l’ACTION NATIONALE pendant les années quarante, André Laurendeau, sans le savoir (mais, peut-être le savait-il?) instituait un préjugé tenace qui depuis et sans doute hélas pour longtemps encore a exclu et exclura les jeunes mères du marché du travail.

Selon le Conseil du statut de la femme, alors qu’une travailleuse québécoise sur deux est mariée, seulement une mère sur cinq est sur le marché du travail avec un enfant de moins de six ans. Ainsi, les maternités essentielles à la survie du peuple servent également à tenir pour un temps les femmes à distance respectueuse du marché du travail. Les plus grandes exceptions se retrouvent au niveau des femmes fortement scolarisées qui exercent une carrière ou encore à l’autre bout de l’échelle chez les femmes les plus démunies qui ne peuvent absolument pas abandonner une source de revenus, si maigre soit-elle.

D’autre part, si les hommes accomplissant un travail intellectuel abandonnent pour la plupart leurs préjugés face au travail de leurs femmes (2), les travailleurs manuels eux conservent les attitudes les plus traditionnelles. Selon des sociologues britanniques, plus l’homme est soumis et brimé à l’extérieur du foyer, plus il craint de perdre son prestige et son autorité au sein de la famille.

Il faut d’ailleurs admettre que bien souvent les femmes de milieux populaires ont hâte de se marier ou d’avoir un enfant afin de quitter des emplois aussi ennuyeux que mal rémunérés. Cependant, après quelques années, la monotonie des tâches ménagères, le manque à gagner occasionné par des besoins familiaux accrus les ramènent sur le marché du travail.

« L’absentéisme des femmes est plus important que celui des hommes. Elles manquent à tout bout de champ, elles arrivent en retard; il y a leurs règles… » – un employeur

Que de fois depuis que le monde est monde s’est-on servi des menstruations des femmes comme d’une anomalie monstrueuse… Que de fois, on a utilisé ce phénomène tout simplement lié aux fonctions de reproduction pour écarter les femmes des secteurs où on craignait qu’elles rivalisent avec les hommes!

Et pourtant… Si les employeurs se plaignent tant de l’absentéisme soi-disant plus important chez les femmes et particulièrement chez les femmes mariées avec enfant(s) et qu’ils reportent les causes de ces absences sur des « particularités biologiques soi-disant inavouables des femmes » (3), nous ne pouvons que clamer avec force, c’est un superbe alibi! Tant d’autres bonnes raisons expliquent les retards et les absences des femmes :
Qu’un enfant ou le mari attrape une bonne grippe et leurs malaises deviendront, sinon littéralement du moins officiellement ceux de la mère et de l’épouse qui les soignera à la maison.

Que les dirigeants de l’école du quartier décident inopinément de fermer leurs portes pour une demi-journée de réflexion pédagogique et la mère-travailleuse devra puiser à nouveau dans sa banque de congés de maladie.

Qu’une grève d’enseignant[e]s, de concierges, de chauffeurs [et chauffeuses] d’autobus paralyse la vie scolaire et les travailleuses devront multiplier les solutions concrètes pour continuer d’aller au travail. Par contre, dans la même conjoncture, les activités ordinaires des pères de famille ne connaîtront aucune perturbation!

On voit donc que dans une société comme la nôtre, rien ne facilite les tâches des femmes qui doivent ou veulent travailler à l’extérieur. L’absence de garderies populaires, de cantines scolaires, de services ménagers collectifs obligent les travailleuses à trouver des solutions individuelles et tracassantes… Et, là encore, on ne parle pas de la besogne qui attend la travailleuse à sa sortie d’usine, de magasin ou de bureau. De façon tout particulière dans les milieux les plus modestes, le partage des tâches domestiques à l’intérieur du couple demeure un vœu pieux, ou une source de conflits interminables. Et nous omettons, faute d’espace, de parler de toutes ces femmes séparées, divorcées ou veuves qui doivent se taper la double tâche sans espoir de partage…

En fait, les services et équipements sociaux pré-maternels, maternels et scolaires ne sont absolument pas conçus pour permettre aux jeunes femmes et mères d’exercer une activité lucrative. Ceci nous amène à conclure que les jeunes mères sont tout au plus tolérées sur le marché du travail et que normalement elles devront vivre pendant dix à quinze années en marge de toute activité sociale reconnue et intégrée officiellement à la vie économique du pays. Les jeunes québécoises (8 10) passeront vingt-cinq ans sur le marché du travail alors que leurs frères en passeront quarante. On imagine sans mal tous les problèmes de ré-insertion que posera le retour au travail après une si longue absence, toutes les conséquences d’un si long retrait tant pour une éventuelle promotion que pour les avantages sociaux, etc.

« Les femmes militantes sont moins nombreuses que les hommes militants. Elles ne viennent pas aux réunions, on a de la difficulté à les faire bouger ». – un permanent syndical

En chiffres absolus les militantes syndicales sont moins nombreuses que les hommes, c’est en premier lieu pour une raison toute simple… Il n’y a que 30% de femmes syndiquées alors qu’il y a 45% d’hommes syndiqués. En fait, les femmes se retrouvent massivement dans les secteurs les plus difficilement organisables sur le plan syndical (les waitress, vendeuses, employées de bureau).

Si d’autre part, les femmes sont moins participantes que les hommes lorsqu’elles sont syndiquées, on pourrait attribuer ce fait aux mêmes raisons que l’on explicitait plus haut lorsqu’on parlait de taux d’absentéisme féminin. Car, ne l’oublions pas, après le boulot-boulot, il reste encore le ménage, la lessive, la cuisine et la marmaille, donc très peu de place pour la vie syndicale.

De plus, il n’est pas besoin d’une longue expérimentation pour réaliser que les structures et les procédures syndicales favorisent davantage le verbe et la gourme mâles alimentés chez les garçons dès la petite enfance.

Pour toutes ces raisons, on ne doit pas trop se surprendre de constater que dans les centrales syndicales les femmes sont sous-représentées à toutes les instances décisionnelles. Voilà sans doute une des raisons qui ont contribué à des conventions collectives avec de nombreuses clauses à saveur sexiste. Il est également à noter que les engagements syndicaux sont si exigeants que les quelques femmes « officiers de syndicat » au niveau national sont célibataires. Même pour la CEQ qui compte plus des deux tiers de ses effectifs chez les femmes, les assertions notées plus haut demeurent valables.

Il faudrait noter ici que l’éducation des filles au Québec (qui mériterait des thèses et des thèses de recherche) ne les a pas orientées vers la collectivité, la solidarité. Plus que pour les garçons encore, on a poussé à l’extrême la notion d’individualisme, la vision du « small is beautiful » : ptit mari, ptits enfants, ptite maison, ptit frigo, ptites affaires.

« Un secteur important de la population se montre parfois agacé par la campagne systématique et souvent agressive des féministes ». – un éditorialiste du Quotidien (4)

Les données et les analyses utilisées au cours du présent article sont valables pour l’ensemble du Québec. Les femmes de la région s’intègrent sans doute très bien dans cette esquisse de la femme québécoise au travail. Il faudrait cependant voir à pondérer les chiffres par le bas… Ainsi, selon Statistiques-Canada on ne comptait en 1971 au Saguenay-Lac-Saint-Jean que 24,3% de travailleuses.

De plus, la vaste campagne anti-avortement secouant la presse régionale depuis le printemps dernier a dévoilé des visions extrêmement traditionnelles en ce qui concerne le rôle des femmes. L’absence de garderies populaires et la rareté des garderies privées – dans les moyennes les plus basses au pays – manifestent l’importance du contingent de jeunes femmes au foyer. Le haut taux de chômage (le plus haut au Canada en zone urbaine) explique une fois de plus combien les femmes sont les premières pénalisées lors d’une crise économique…

Et, devant tous ces phénomènes, devant l’expression de tant d’injustices, le joyeux tandem des penseurs-éditorialistes de notre quotidien régional considère les féministes trop bruyantes, trop agressives! Dans nos milieux intellectuels les plus sélects (UQAC), on considère que la libération des femmes, c’est fait, c’est accompli et qu’il est temps de passer à autre chose!

Tant que les hommes et les femmes n’auront pas les mêmes droits face au travail, à la santé, aux responsabilités partagées, tant qu’il y aura une sexualisation arbitraire des tâches, nous ne pourrons parler de libération de la femme. C’est sûr que nous avons fait un bout de chemin depuis que de sages théologiens dissertaient à pleins conciles sur l’existence ou la non-existence de nos âmes immortelles (à nous les femmes), depuis que nos grand-mères nous ont acquis de haute lutte le droit de vote, mais tout le chemin n’est pas accompli, loin de là. Et même en ces temps de grisaille économique et d’un retour massif aux idées conservatrices (Berberi, Ryan), il faut veiller au grain et voir même à ne pas perdre nos faibles acquis.

Marielle Brown-Désy

Collaboration/retranscription de Shit-stain

Bibliographie :
Mona-Josée Gagnon. « Les femmes vues par le Québec des hommes », Éditions du Jour.
Conseil du statut de la femme. « Pour les Québécoises : égalité ou indépendance », Éditeur officiel, Gouvernement du Québec.
Pierrette Sartin. « Nouvelles orientations du travail féminin », revue Projet, juin 1974.
« La condition économique des femmes au Québec », vol.1 – L’exposé de la question, La documentation québécoise, Éditeur officiel du Québec.
Maurice Champagne-Gilbert. « L’inégalité hommes-femmes, la plus grande injustice » (5 articles), journal La Presse, décembre 1976.

Notes :
(1) Pierrette Sartin. « Femmes au travail », revue Projet.
(2) Faut quand même pas charrier… Selon une enquête de L’Express effectuée en 1971, 86% des maris ne voudraient pas pour aucune considération que leurs épouses gagnent plus qu’eux.
(3) Il s’agit de voir et d’entendre la publicité concernant les tampons hygiéniques ou les serviettes sanitaires.
(4) Bertrand Tremblay. « Le revers de la libération des femmes » (éditorial), Le Quotidien, 20 janvier 1979.

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Le projet de loi C-36 ou la preuve que les Conservateurs ne peuvent être alliés de personne sauf de la droite catho

by on Juin.09, 2014, under féminisme, Général

vg arles

Je me considère abolitionniste, et pour les passionné-e-s de constitution : non, je ne crois pas que le projet de loi passerait en Cour suprême (mais bon…je ne suis ni juriste ni constitutionnaliste). Et parce que cette question devrait être de l’ordre du politique et non de l’interprétation des lois existantes, je crois que les abolitionnistes devraient continuer à faire pression partout pour exposer leurs témoignages et leur analyses. Les Conservateurs et la droite chrétienne ne sont pas nos allié-e-s… pour plein de raisons.

Tout d’abord une parenthèse… Bien sûr que j’ai un malaise à admettre que mon abolitionnisme doit, dans notre contexte, aussi passer des actions de l’État. Mais comme pour ma lutte pour l’éducation en particulier et pour une meilleure justice sociale en général, je reconnais que l’État s’accapare les ressources et la légitimité nécessaires, donc oui, comme pour de meilleurs logements sociaux, pour des soins de santé gratuits et/ou pour permettre à des personnes de l’industrie du sexe de s’en sortir si elles le veulent je pense que faire pression sur l’État peut être nécessaire.

Ceci étant dit… Le projet de loi C-36 me fait quand même froncer le nez. Je suis d’accord qu’il s’attaque aux clients et aux proxénètes et non plus aux personnes de l’industrie, et qu’il permet de penser la prostitution comme de l’exploitation. Mais les Conservateurs n’auront pas une médaille de ma part pour ne pas pénaliser les personnes prostituées, je trouve que c’est la moindre des choses. D’ailleurs, j’aime bien le préambule, ça utilise des mots comme exploitation, violence, dommages sociaux, et chosification du corps humain. Ça peut être bien dans un futur, ou dans un monde judiciaire, mais dans un espace temps plus concret ce n’est pas une garantie suffisante de changement social. Et c’est peut-être dû au milieu militant duquel je viens, mais les considérants ne font pas partie de la proposition, et bien que le préambule mette la table à une autre vision de la prostitution qu’un simple exercice marchand entre deux personnes libres et égales, il me semble que c’est les articles de loi qui sont importants et performatifs. Et même le sommaire est très clair : le projet de loi C-36 crée des infractions, plein d’infractions, et pas d’ouvertures.

À mon avis, l’esprit dans lequel est créé ce projet de loi, la partie sur les enfants, et la somme ridicule investie dans un flou « pour aider les femmes à sortir de la prostitution » sont des aspects inquiétants de ce nouveau tournant, et je suis déçue de voir que des camarades féministes abolitionnistes se contentent de voir les bon côté du C-36 en laissant de côté la construction moraliste et puritaine que ça exprime. Si je suis abolitionniste c’est parce que je vise à plus de justice sociale et d’égalité des chances, pas parce que je veux « sauver la dignité » de certaines personnes.

Le titre même me fait tiquer: « Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation. » La protection des collectivités ? Vraiment ? Keeping our streets and communities safe ? Les rues ? Pas les personnes ? Protéger la collectivité de la prostitution ? Comme d’une maladie ? Protect those who are most vulnerable by going after the perpetrators, the perverts, those who are consumers of this degrading practice. Les pervers ? Sérieux ? Les pervers ?! There will always be an inherent danger in this degrading activity. Euh quoi ?! Autant ça me fait vomir et hurler quand je vois des gens de l’industrie commander à d’autres qu’elles n’ont pas à se sentir dégradée, malheureuses ou violentées, autant je ne vais JAMAIS accepter qu’on oblige des gens qui se sentent bien à se sentir dégradés. De la même manière, tous les passages qui parlent d’endroits publics, d’interférence à la circulation, ou de vue du public, me lèvent le cœur. Il est question ici de cacher la prostitution, parce que dans la morale conservatrice il ne faut pas permettre plus d’égalité, mais simplement cacher ce qu’ils ne veulent pas voir. Vous êtes laids les Conservateurs !!!

Ce que je constate, c’est des interdictions, mais absolument rien pour accueillir les personnes – femmes ou hommes- qui voudront faire le choix de ne plus faire partie de l’industrie. Bien sûr que tout le monde est contre l’exploitation des gens, mais juste l’écrire ça ne donne rien si ce n’est pas accompagné par des mesures sociales (et de l’argent pour ces mesures), ainsi qu’un changement de mentalités pour ne plus permettre de stigmatiser, de rabaisser, et d’invisibiliser. Acquiescer au fait que la violence sertest intrinsèque à la prostitution c’est pas mal, mais ne rien faire, ne pas nommer, ne pas dénoncer cette violence économique, cette culture machiste, et cette libéralisation du marché des corps humains, qui permettent l’exploitation sexuelle c’est rester dans une logique moraliste qui n’est utile en rien à la « dignité » des gens de l’industrie.

Non les Conservateurs, vous n’êtes pas mes alliés.

Je trouve que le discours est important, non la fin ne justifie pas les moyens. Et ce qui me dérange aussi, au delà du flou artistique sur le comment cette loi va permettre une meilleure qualité de vie à des gens et une ouverture à plus de choix, c’est que ce discours moraliste invisibilise totalement la volonté de justice sociale du militantisme abolitionniste. En acceptant ce projet de loi sans aucune critique de fond car il rend enfin visibles les clients (enfin oui il était temps!), il nous fait nous allier avec des gens avec qui nous n’avons pas grand-chose en commun et mettre de côté des allié-e-s potentiel-le-s.

Les féministes abolitionnistes ne devraient pas avoir honte de dire haut et fort que la pensée qui sous-tend ce projet de loi n’est pas féministe. Les motivations du gouvernement sont minablement basées dans une droite chrétienne. La pensée qui sous-tend cette motivation est réactionnaire, moraliste et puritaine, et tout le monde s’en rend compte. Continuer à s’associer au projet de loi c-36 parce que certains aspects vont dans le sens qu’on aimerait c’est mettre de côté la base fondamentale sur laquelle notre idéal abolitionniste évolue : celui de la justice et de l’équité sociale. Je pense que le calcul politique de s’associer ou se dissocier totalement du projet de loi ne doit pas perdre de vue la possibilité que celui-ci ne finisse jamais par être une loi et que le gouvernement conservateur le sait. Platement ça pourrait être un calcul politique sachant que les élections arriveraient assez vite. Alors pourquoi dire qu’on s’associe à des idées conservatrices, qui ne deviendront très probablement pas des lois, quand nous voulons en fait quelque chose de différent des conservateurs. Quelque chose qui vient toucher d’autres acteurs et permet de nouer des solidarités.

D’un autre côté, je tiens à dire que je suis aussi déçue (et terrifiée) par le traitement médiatique que ce projet de loi a eu. Ainsi, Le Devoir, l’Actualité, et des groupes pro-travail du sexe, s’étendent sur la ridicule consultation en ligne que le gouvernement conservateur a commandée en disant que c’est là-dessus que celui-ci se base pour son projet de loi et ce nouveau vocabulaire. Heille gang ! Une méthodologie de marde ne vous donne aucun droit de faire preuve de mauvaise foi et de passer outre le fait que beaucoup de groupes de femmes, certaines qui se considèrent elles-même comme survivantes de l’industrie, sont contre la vision de la prostitution comme étant d’une activité économique banale entre deux adultes consentants. Que leurs témoignages, leurs voix, leurs expériences et leur désir de mobilisation sur cette question soient invisibilisés et amenuisés juste parce que le gouvernement conservateur est, lui, moraliste, puritain, et laid, je trouve ça cheap shot rare.

Les arguments que je lis depuis quelques jours me font sortir les yeux de la tête. Tout le monde acquiesce que les contacts avec les clients peuvent être très dangereux, même mortels. Il semble donc y avoir un consensus comme quoi les clients peuvent être dangereux, tellement dangereux que de base, on ne fait pas confiance à ceux qui veulent acheter du sexe dans la rue (l’argument de « il faut que la prostituée puisse jaser avec son client pour se rendre compte que ce n’est pas un psycho qui va la couper en morceaux » est celui qui revient le plus pour attaquer le fait qu’elles/ils ne pourront plus prendre du temps dans la rue parce que les conservateurs ne veulent pas que ça se voit). Mais on ne relie pas le fait que, collectivement, nous n’avons pas confiance en ces potentiels « acheteurs » et le fait que c’est un travail particulier qui amène des demandeurs particuliers ?! On s’attend à ce que cette activité fasse rencontrer des personnes dangereuses, mais on n’est pas capable de se dire que ces gens-là ont été socialisés de manière à permettre ça et qu’il y aurait donc sûrement des choses à changer dans notre manière de voir le corps des femmes, ou sur le droit d’accès marchand à celles-ci ?

Et le pire du pire: This sort of “screening,” the ruling said, might have “prevented one woman from jumping into Robert Pickton’s car. Ainsi, si une femme se fait tuer, c’est parce qu’elle n’a pas assez eu de temps pour « gager » son client ??? Ainsi, la responsabilité de sa sécurité est encore sur ses épaules à elle ? À la place de viser les gens, les comportements et les discours qui permettent la violence sur les personnes prostituées, on va leur dire d’être « plus prudentes » ?

C’est dégueulasse, et pourtant ce ne sont pas des Conservateurs qui disent ça.

C’est pour ça que je suis encore pleine d’espoir. Parce que des aspects fondamentaux qui relient les féministes abolitionnistes et les pro-travail du sexe c’est la sécurité des femmes et des hommes ainsi que leur libre choix de faire partie de l’industrie. Et ce n’est pas ça que les conservateurs visent, mais ce n’est pas non plus ce que nous allons accomplir si nous nous cachons la tête dans le sable par rapport aux risques inhérents à une mentalité qui banalise l’utilisation et la marchandisation des corps.

Les Conservateurs ne sont pas nos alliés. Nos allié-e-s sont du côté des gens et des groupes qui visent à transformer les mentalités et les pratiques sociales. Mes allié-e-s sont du côté des gens qui veulent plus d’ouvertures et de possibilités pour les gens qui sont dans la prostitution. Je veux des programmes sociaux, un salaire minimum plus élevé, de l’intégration à l’emploi, de l’éducation à tous les niveaux, des garderies gratuites avec des horaires différents, des centres de repos et d’écoute, ainsi que des rencontres selon les besoins avec d’autres qui ont décidé de sortir de l’industrie mais aussi avec celles/ceux qui décident d’y rester et de s’organiser de manière autonome. Et ça, ça sera seulement possible si on continue a tisser des solidarités avec des allié-e-s objectives oui, mais qui visent à une transformation sociale, pas à un camouflage esthétique.

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