Une autre manif que celle du COBP pour le 15 mars? Quelle bonne idée!
by pwll on Fév.26, 2015, under Général
On veut toute la gang être dans la rue pour la Journée contre la brutalité policière. On veut, mais ça devient de moins en moins motivant à chaque année. S’il y a 10 ans c’était pas mal risqué (de se faire blesser ou arrêter), je trouve que c’est devenu carrément impossible (de ne pas se faire blesser ou arrêter) de manifester avec la manif du COBP le 15 mars. Y’en a à qui ça dérange moins, qui peuvent et qui veulent prendre un niveau plus élevé de risques, mais y’en a d’autres qui ne peuvent pas ou qui ne le veulent pas. Les personnes sans citoyenneté, les parents avec ou sans leurs enfants, les gens avec des handicaps, les gens qui ont vécu des traumatismes à cause de la brutalité policière, ou juste les gens qui ne le sentent pas; il y a toutes sorte de raisons pour ne pas vouloir s’exposer à un niveau élevé de risques mais de vouloir manifester quand même.
Il me semble que le 15 mars est une journée assez consensuelle pour qu’on puisse facilement mettre en pratique la diversité des tactiques. Diviser la ville par nos différentes actions directes en permettant à des gens différents de se joindre à des actions à leur goût ça me semble possible à une date où tout les militant-e-s veulent exposer la même chose : que la police est une machine d’une extrême violence (qui tue!!!) qui carbure à l’arbitraire et aux préjugés dans l’impunité la plus totale. En fait, d’un point de vue tactique il faudrait multiplier les actions. Dans un monde parallèle, j’imagine des manifs, des manifs différentes avec une différente énergie et des gens différents, mais aussi des vigiles à la mémoire des victimes, des activités d’éducation populaire et pourquoi pas des actions artistiques? Moi un 15 mars avec une gang qui peint une fresque sur une longueur de rue, pendant que la manif du COBP est ailleurs, que la manif féministe est plus loin, que le rassemblement familial est là-bas et la vigile en souvenir des disparu-e-s s’installe ici, je trouverais ça pas mal génial.
Le choix d’une manif féministe mixte, née d’une volonté d’un « safer space » sans agresseur-e-s et d’une ambiance familiale me semble très intéressante. Les discussions sur les agressions dans les cercles militants prennent, heureusement, de plus en plus de place et il me semble sain de commencer à ouvrir ce genre d’espaces dans nos manifs et de l’écrire clairement dans l’invitation. La volonté d’en faire un événement familial me semble aussi intéressante et nécessaire. Je pense que c’est important que tout le monde puisse se réapproprier cette date et une ouverture envers les familles me semble être essentielle à cette inclusivité féministe. Aussi, les femmes subissent une brutalité spécifique quand elles subissent de la brutalité policière et attirer l’attention là-dessus me semble essentiel :
La police est une profession marquée par une forte misogynie, et par un fort machisme ; les policiers sont en général sexistes à l’endroit de leurs collègues féminins, ou des femmes en général. Les policiers peuvent aussi être violents contre les femmes. En fait, leur formation et les outils dont ils disposent (ressources d’identification, armes, etc.) les transforment en redoutables prédateurs. (Francis Dupuis-Déri, La violence des policiers contre des femmes, pour le COBP)
Justement, je viens de relire le petit document du COBP appelé La violence des policiers contre des femmes qui est toujours d’actualité et que je vous conseille vivement de lire, de relire et de diffuser :
Cette recherche a pour objectif de documenter et d’analyser quelques formes de violences policières contre des femmes, principalement au Québec, et de déconstruire le mythe qui présente les policiers comme de généreux protecteurs de la veuve et de l’orphelin. Nous avons documenté des cas de violence de policiers contre des policières, considérant que les services de police sont empreints d’une ambiance fortement machiste et misogyne; des cas de négligence lors d’interventions en matière de violence conjugale ; des cas de violence de policiers contre des femmes qu’ils ne connaissaient pas; des cas de violence de policiers contre leur conjointe et ex-conjointe ; des cas de violence policière contre des militantes de gauche et d’extrême gauche.
En fait, je ne vois qu’un seul problème à la multiplication des actions pour le 15 mars : pour certaines personnes ça va être plus dur de décider quoi faire… Je pense qu’on peut vivre avec ça comme inconvénient 😉