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Des gains à court terme en attendant le Grand Soir
by bakou on Mai.20, 2016, under Débats
En tant qu’anarchiste, j’aspire à bien plus qu’à de simples réformes. Le capitalisme met les profits avant la vie et ne peut avoir de visage humain à mon sens. Le salariat est une plaie et je rêve d’un monde sans patrons. Cette vision mérite d’être préservée et je considère que les anarchistes gagneraient à la développer davantage. Cela dit, cette aspiration révolutionnaire ne doit pas être un frein à l’obtention de l’amélioration immédiate de nos conditions de vie. Qui peut nier aujourd’hui que la journée de huit heures a été un gain pour les travailleurs et travailleuses? C’est parce des gens ont décidé de lutter pour cette réforme (entre autres) par le passé que nous avons obtenu ce gain. Si nous refusons de nous battre pour toute forme de réforme au nom de notre pureté révolutionnaire, nous risquons de voir nos conditions de vie se détériorer de jour en jour en attendant le Grand Soir, que nous ne connaîtrons peut-être pas de notre vivant.
La lutte concernant l’augmentation du salaire minimum à 15$ de l’heure ne doit pas être laissée uniquement à QS et à la FTQ. Les radicaux et les radicales doivent participer à cette lutte et pousser les différents acteurs de la société civile à se prononcer sur la question. Mieux, ils et elles doivent forcer la main de ceux et celles qui nous dirigent. Le dynamisme des radicaux et des radicales peut contribuer à faire avancer cette cause, bien plus que des progressistes à l’Assemblée nationale ou à la tête des syndicats.
L’idée semble en l’air du temps, mais il faudra aider l’Histoire pour qu’elle devienne une réalité. Nous pouvons penser pousser jusqu’à un revenu minimum garanti. À nous de définir l’essence de nos luttes et des limites de nos aspirations. Bien que l’édifice actuel semble parfois inébranlable et que la seule réforme semble impossible sans modifier l’ensemble de la structure qui nous asservit, rappelons-nous que des réformes ont été obtenues par le passé et que la situation devait apparaître aussi désespérante pour ceux et celles qui nous ont précédé-e-s qu’à nous.
De gains en gains nous pouvons espérer redonner confiance en la capacité d’agir des gens et en profiter pour leur faire rêver d’encore plus : un monde autogéré par la collectivité. Nous n’avons pas à choisir entre les réformes et la révolution. Si la révolution est certes désirable et nécessaire selon moi, je vois mal comment nous pourrions cracher sur des gains à court terme qui eux pourront démontrer à nouveau la force des mouvements sociaux.