La Tomate noire

Tag: privilèges

Le débat sur l’industrie du sexe : cette discussion qui fait fermer sa gueule

by on Jan.23, 2015, under Débats

T’aimerais ça que les filles s’organisent entre elles pour faire un poids sur le patron par rapport au service bar que tu dois payer pour travailler là, aux horaires de marde ou à propos de l’esti de bouncer cave qui taponne toutes les filles qui passent proche de lui. T’aimerais ça, mais depuis le temps, tu sais très bien ce que les filles vont te répondre : « Ben c’est ça la job bé, pis tsé on est mieux de pas faire de marde, c’est une bonne place ici quand même, on fait beaucoup d’argent ». Tu sais qu’elles vont alors commencer à raconter des histoires d’horreur sur d’autres places; où on leur a demandé ci ou ça pour rentrer, ou bien qu’elles ont dû débourser encore plus d’argent parce que «  le fils du boss a décidé que ». Tu sais qu’elles vont en rire et se fâcher, mais aussi se conseiller mutuellement sur « les meilleures places où travailler ». Tu sais aussi qu’à ces autres places ils ne manquent jamais de filles. Tu te dis donc que ces événements doivent arriver souvent. Dans ton club, les problèmes sont réglés par le patron de manière individuelle. Il est gentil le patron, il écoute les filles et des fois il leur donne même des drinks. Mais les conditions de travail ne changent jamais. Pis le criss de bouncer cave qui dit ben fort que les filles sont « des plottes » quand elles ne sont pas friendly avec lui, ben tu le sais qu’il va rester là et va rester aussi intimidant. C’est pas grave, passe de l’autre côté du bar.

T’as un jour pensé que s’il y a des groupes pro-TDS ça devait être les bonnes personnes pour t’informer à savoir quels sont tes droits par rapport au travail. Tu rêvais à des campagnes sur le volet santé et sécurité de ce travail spécifique, des campagnes pour que les filles aient accès à des assurances au travail et à des congés de maternité. Et là t’es déçue. T’es déçue parce que tu te rends compte que ce travail n’intéresse pas les groupes pro-TDS. Est-ce que c’est parce qu’il est légal? Mais c’est quand même du travail du sexe, ça fait quand même partie de l’industrie du sexe non? Pro-TDS ne veut-il pas dire « pro-travailleuse/travailleur du sexe »? Tu ne comprends pas pourquoi ce désintérêt envers un travail du sexe auquel participent tellement de filles. Tu pensais que, justement, parce que c’est légal il y aurait moyen de se servir du code du travail pour mener des luttes pour défendre les droits des travailleuses. Pourtant, tu constates que de s’occuper des conditions de travail des filles qui sont légalement dans l’industrie ne fait pas partie des intérêts des groupes pro-TDS qui veulent pourtant te faire comprendre que la légalisation de la prostitution est la clé de l’amélioration des conditions de travail de celles et ceux qui en vivent. C’est là que tu as commencé à lire « pro-travail du sexe » à la place de « pro-travailleuse/travailleur du sexe » quand tu lis pro-TDS et ta petite voix sarcastique dans ta tête te dit qu’elles devraient changer de nom parce qu’il y a des pans entier de l’industrie du sexe, juste sous leur nez, dans la même ville dont on ne se soucie pas. Des filles qui sont à la fois invisibles et actives. Tu ne leur en veux pas trop parce que tu sais que la mobilisation doit commencer à l’interne. Toutefois, tu leur en veux parce qu’elles ont presque complètement monopolisé le discours de « ce qu’est la réalité d’une personne dans l’industrie ». Tu leur en veux parce qu’elles invisibilisent ta réalité. Les expériences des filles qui sont déjà dans la légalité ne les intéressent pas et la légitimité qu’elles bâtissent, elles la bâtissent aussi sur ton dos. Leur légitimité, qu’elles ne veulent pas partager, mais avec laquelle elles te dominent complètement, te forcent au silence. Tu trouves ça très particulier que des « pro-TDS » (que tu mets entre parenthèse maintenant parce que tu sais qu’elles ne t’incluent pas) puissent publiquement se plaindre qu’elles sont incomprises et se faire publiquement remonter le moral pendant que toi tu ne peux même pas raconter ton vécu en public comme ça.

Tu fermes ta gueule, tu baisses la tête et tu te sens seule.

Tu penses que ton milieu serait dur à mobiliser parce que les filles sont plutôt nomades et parce que pour beaucoup d’entre elles, il n’est pas question de faire savoir publiquement qu’elles font ce travail. Tu te rappelles bien quand ton club est devenu contact, quand les filles en parlaient en se changeant, abattues et déprimées, une d’entre elles a dit : « on devrait faire de quoi! On devrait faire une manifestation! ». Elle s’est fait répondre avec un sourire découragé « ce n’est pas les manifestations qui vont payer mon hypothèque, pis on n’est pas obligées de travailler contact, on peut changer de place. Mais si ce n’est pas toi qui le fait ça va être une autre, pis c’est une autre qui va faire l’argent que t’aurais pu faire ». Une autre fille rit et du fond du vestiaire dit : « come on bé! Tu veux qu’on fasse des manifestations anonymes? ». Toi t’as rien dit, t’étais occupée à être en tabarnak parce que le bouncer cave a osé ajouter « ben si vous aviez été plus gentilles avec les clients le boss aurait pas été obligé de mettre ça contact ». T’étais occupée à écouter l’amie en état de choc qui disait « ça fait 10 ans que je suis ici pis y’ont même pas assez de considération pour nous le dire plus que 2 semaines à l’avance?! Criss quessé que je suis supposée faire?! ».

Au jour le jour, il y a rarement des drames. Les filles sont habituées de prendre soin d’elles seules. Elles se conseillent entre elles « moi je fais pu d’acrobaties sur le stage, comment je gagne mon argent si je me pète une jambe?  – Ah, tu vois moi c’est pour ça que je porte juste des bottes comme ça ma cheville tient pis bonus, je ne suis même pas obligée de me raser tous les jours! », Elles s’échangent des trucs et des rires. Tu sais que c’est une « bonne place » pour travailler parce que celles qui sont le plus nomades te le disent en ajoutant qu’ « ici c’est des filles qui ont de la classe, pas des filles pimpées qui font de la gaffe dans les isoloirs ». Tu les crois parce que toi t’es jamais vraiment allée ailleurs et tu notes la hiérarchie dans les mots. Une hiérarchie qui ne te plaît pas. Tu sais très bien que pour que toi tu aies le privilège de travailler « dans une bonne place », c’est parce que d’autres filles ailleurs n’ont pas ce privilège. Tu sais que tu es en haut d’une pyramide où les échelons les plus bas se font pas mal plus chier que toi.

Ici t’as des hauts et des bas, mais tu connais tout le staff et le patron qui sont gentils avec toi. Pourtant, le patron, tu l’as déjà vu donner un coup de pied à un itinérant pendant que tu fumais dehors. Alors qu’il est agréable et poli avec toi, tu sais que tu ne dois jamais mentionner ça. Ici, les filles sont gentilles avec toi et tu t’es fait des amies. Assurément, toutes tes amies sont différentes. Certaines vont à l’école ou d’autres ont un travail dans la journée, « une vraie job ». D’autres, sont des mères célibataires qui se disent très contentes d’avoir un travail qui leur permet de s’occuper de leurs enfants de tous âges. Tu constates que certaines d’entre elles ne veulent pas qu’on les associe à ce travail, si on peut le qualifier ainsi, même si les chums, les blondes, les parents ou les enfants savent ce qu’elles font dans les nuits torrides de Montréal. Il est évident qu’elles ne veulent pas que leur expérience, dans l’industrie du sexe, soit connue dans une autre « vraie job » ou à l’école. Pouvons-nous les blâmer ? Elles sont entièrement conscientes de la stigmatisation et des préjugés qui les caractérisent, à l’extérieur du club ou dans leur ou dans la société en général. N’ont-elles pas raison de se protéger, car aucun droit ne leur y est attribué et reconnu ? Seuls leurs « vrais » noms les protègent et encore. Tu trouves ça triste et aberrant.

D’autres amies sont contentes que leur job soit complètement liée à leur mode de vie. Elles font de la promo pour le club, sont dans les rues quand c’est le temps du Grand Prix et disent ouvertement que c’est leur travail dans la vie de tous les jours. Elles te font vivre beaucoup d’émotions avec leurs histoires folles d’amoureux riches qui les font voyager partout dans le monde dans des grands hôtels de luxe en les couvrant de bijoux, pour les flusher trois mois plus tard parce que dans le fond, ils ont une blonde et elle vient d’accoucher.

Il y a aussi d’autres amies qui sont privilégiées de travailler dans ce club, mais dont la couleur de peau devient un obstacle dans ce contexte. On pourrait croire que l’industrie du sexe utilise une palette de filles pour le goût et le choix des clients, mais c’est tout à fait le contraire. Ta meilleure amie est noire et ne s’arrête pas à ça. C’est plus une problématique pour la majorité des patrons. Pourquoi ? Parce qu’ils disent que « les clients aiment pas quand y’a trop de noires ». Parce qu’ils se disent qu’ils connaissent le choix des clients et aussi que certaines filles noires dans le club pourraient se plaindre du nombre. C’est-à-dire qu’il y a un « nombre juste » de filles de couleur dans un univers où ton horaire ne dépend pas juste de tes disponibilités, mais de « ça serait mieux que tu rentres jeudi y’a pas de noires ». Dans le même ordre d’idées, dans certaines agences de placement (i.e. escortes ou danseuses), les agents disent de certains clubs qu’« ils n’engagent pas de noires à cette place-là ». En vérité, on ne limite jamais le stéréotype de la fille blanche, aux yeux bleus et au cheveux blonds, et surtout, très mince. En un mot, c’est du racisme.

Tu le vis comme un travail parce que pour une partie du temps que tu passes à cet endroit tu reviens avec de l’argent. C’est comme un travail, il y a des hauts et des bas. Un patron, d’autres gens qui travaillent, un espace physique connu, t’as même une petite case où mettre tes choses. T’as des collègues : tes amies, des bonnes connaissances, celles avec lesquelles tu n’as que de maladroites tentatives de conversations et celles que tu n’aimes pas. Tu le vis comme un travail.

C’est à des moments particuliers que tu ne te sens plus dans un travail. Comme quand le patron dit que les clients n’aiment pas quand il y « a trop de noires ». Ça cloche parce que tu sais que dans n’importe quel autre travail dire ça aurait été impensable, mais ici, parce que c’est le corps de la fille qui est loué, il devient compréhensible que le patron parle des « goûts » des clients, même s’il y ajoute un racisme crasse. Comme quand tu jases avec une collègue et qu’elle dit, de manière très sincère et empathique, en montrant une autre fille : « Une chance que cette job-là existe pour des filles comme elle. Elle pourrait rien faire d’autre, là au moins elle peut travailler » et que les gens autour hochent unanimement la tête en signe d’accord. Comme quand des clients rechignent à te payer en te disant que les filles à d’autres places font des prix ou qu’ils pensent faire leurs big shots en disant « pour ce prix-là j’aurais eu une Dominicaine pour une semaine! ». Comme quand tu te retrouves face à une table de jeune filles mineures qui « sortent en ville » et, toutes émerveillées, te disent qu’elles aimeraient bien faire ça plus tard, tout en se moquant de la seule qui semble réticente à l’imaginer dans son plan de carrière. Ce sont de petites choses, de petits moments qui te laissent un goût amer en revenant de travailler. Des choses graves arrivent aussi. De la violence physique et des insultes. À chaque fois qu’un truc brasse beaucoup une fille, le patron l’écoute ventiler dans son bureau, lui offre même un drink, ou la laisse repartir à la maison. Mais étrangement, ce ne sont pas les trucs graves qui te font le plus voir que quelque chose cloche dans ce travail. Ce sont ces petits moments, ces petits riens qui sont supposés faire partie de la job.

Les trucs graves ne sont pas supposés arriver. Quand ça arrive les gens sont empathiques et les filles considèrent l’événement comme un incident. Par contre, la copine qui est obligée de dire au téléphone qu’elle est noire en appelant dans une nouvelle place pour se faire booker, ça fait partie de la job. Entendre des gens penser que c’est la seule job que certaines filles peuvent avoir, ça fait partie de la job. Entendre des clients faires des jokes d’inceste quand tu leur dis que tu as une fille ado, ça fait partie de la job. Savoir que d’autres filles, ailleurs, font ben plus en faisant ben moins d’argent, juste parce que toi t’as le privilège d’être à une bonne place, ça fait partie de la job. Endurer le staff masculin « taquiner les filles » en disant qu’elles sont « jalouses parce qu’elles s’en viennent vieilles » juste parce qu’elles sont dérangées par le fait que la dernière à être rentrée a le physique d’une jeune fille pré-pubère, ça fait partie de la job. Être obligée de payer des montants considérables juste pour pouvoir essayer de faire de l’argent, ça fait partie de la job. Se faire chier par l’escouade de la moralité de la police qui vient au club une fois de temps en temps pour « s’assurer qu’il n’y a pas de mineures », c’est-à-dire noter les identités des filles et parler d’elles à la troisième personne en faisant des commentaires déplaisants pendant qu’elles sont dans leur face, ça fait partie de la job.

Quand tu te fais frapper, humilier, lancer ton argent par terre en te faisant traiter de bitch, quand tu te fais voler de l’argent ou que tu te fais droguer, ce n’est pas supposé faire partie de la job. Ça arrive quand même. Tu sais que ça doit vous arriver aux amies et à toi bien plus souvent qu’aux caissières du Super C, mais ça reste des incidents isolés. Personne ne trouve ça normal ou correct, même le bouncer cave. Se remettre de ce qui n’est pas supposé arriver te semble beaucoup plus facile que d’effacer le sentiment que te donne tout ce qui fait partie de la job. Quand le client te vole de l’argent en ne te payant pas, tout le monde est gentil avec toi, te console et t’écoute. Quand le client admet qu’il est un peu mal à l’aise avec le concept de payer une fille qui ne l’a pas choisi, en plus d’avoir à dire à d’autres filles qu’il ne les veut pas, qu’il se fait répondre « c’est comme des légumes à l’épicerie, les tomates ne vont pas chialer si t’aimes mieux les concombres » et que ça te dérange, personne ne te console et ne t’écoute.

Tu sens que l’expérience de travail est différente de toutes les autres jobs que t’as faites, même si t’as un horaire stable, un gentil patron et des super collègues. Tu as envie de nouer des liens avec des groupes qui eux aussi trouvent que cette industrie n’est pas émancipatrice, même si l’argent que tu fais de manière autonome peut t’émanciper. Tu regardes les groupes abolitionnistes réglementaristes et tu comprends leur existence. Tu comprends leur existence et tu la trouves importante parce qu’en tant que privilégiée dans l’industrie tu en vois des poquées, des filles qui n’ont pas le choix, qui ont peur, qui consomment trop « parce que sinon chu pas capable d’endurer les esti de clients! ». Tu sais que des filles doivent donner leur argent à la fin de la nuit et tu ne sais pas trop quoi leur dire quand elles pleurent dans le vestiaire en panique parce que « shit j’ai déchiré mon costume neuf, mon chum va capoter il ne voudra pas m’en acheter un autre! », quand tu sais très bien qu’elles font plusieurs centaines de dollars à chaque nuit. Mais ces filles-là ne sont pas tes amies, tu ne sais jamais trop quoi leur dire et de toute façon elles ne restent jamais longtemps. Toi, tu es privilégiée. Toi, le patron trouve que t’es une bonne fille et tes amies aussi sont considérées comme des bonnes filles. Toi, ton argent il t’émancipe, il ne t’enchaîne pas. C’est pour ça que même si tu n’as pas envie de rejoindre les groupes abolitionnistes réglementaristes, tu penses qu’ils sont essentiels. Ils pointent le truc qui cloche dans ce que tu constates de ton expérience. Ils font les liens entre tout ce qui cloche et montrent un tableau d’ensemble. Tu es d’accord avec ces groupes, mais tu ne t’y sens pas à ta place. Tu es contente qu’ils existent mais tu n’es pas d’accord avec la voie légaliste. D’ailleurs, pro-TDS réglementaristes ou abolo réglementaristes, tu en as plein le cul qu’on te dise que la réponse est dans les lois. Toi tu penses que la réponse est dans la solidarité des travailleuses/travailleurs de l’industrie l’un/e envers les autres. Toi tu penses que la réponse est dans l’acceptation de la diversité des expériences et le fait d’ouvrir les yeux sur la pyramide des privilèges des gens qui y sont. Toi tu penses que l’amélioration des conditions de travail de ce milieu-là passe par le rapport de force contre les patrons, pas en devenant des patrons.

Avec les gens de gauche tu te sens seule parce que sur le sujet de l’industrie du sexe, il n’y a qu’un seul mantra qui est accepté « les pro-TDS savent de quoi elles parlent! C’est leur job!». Tu fermes donc ta gueule en buvant ta dernière bière. C’est ta dernière bière parce que t’as pu envie d’être là. Tu trouves ça excessivement violent que des gens te disent, en se servant d’expériences d’autres personnes, que ton expérience est invalide, que tes observations sont de la marde. Tu sais que tu n’as aucune légitimité parce que toi tu ne peux pas t’afficher publiquement. Tu es déçue de voir des gens d’habitude critiques, faire un amalgame grossier entre sexe-positif et industrie du sexe. Tu ravales, tu fermes ta gueule et tu quittes ces espaces.

Avec les féministes tu te sens seule pour les mêmes raisons. En plus ça te fait doublement mal parce que tu penses toujours que les espaces féministes vont te laisser respirer un peu. Tu penses toujours que les espaces féministes vont être plus sensibles au fait qu’une majorité écrasante de filles dans l’industrie, du côté réglementé ou non, ne peuvent pas s’afficher publiquement. Tu penses que les féministes d’une grande ville comme la tienne, où l’industrie du sexe est florissante, vont être capables d’avoir la sensibilité de penser que statistiquement, si une travailleuse pro-TDS se trouve dans leur espace, d’autres qui ne peuvent pas s’afficher sont aussi présentes.

Mais ça n’arrive pas. Ça n’arrive jamais.
Tu ravales donc, tu baisses la tête et tu fermes ta gueule.
Et tu te trouves dont niaiseuse de leur avoir fait confiance à ces féministes.

Puis, tu prends sur toi. Tu relèves la tête et tu trouves la force de réaffirmer (à toi-même vu que ça n’intéresse personne d’autre) que NON, personne ne te forcera à t’afficher publiquement avec ton expérience, tu ne céderas pas à cette violence. OUI ton expérience et ton vécu sont quand même valides même si tu ne peux pas les afficher dans l’espace public. NON tu ne te laisseras pas mener par cette fausse idée de la réglementation comme celle d’une recette magique. NON te ne feras pas partie de ces gens qui pensent que t’es « avec ou contre eux ». OUI tu vas continuer à parler de l’expérience de la légalité de cette industrie. Tu veux le faire pour toi, mais aussi pour désinvisibiliser les expériences de toutes ces filles, ces amies. Vous toutes, rendues muettes par des gens qui monopolisent la parole et les expériences. Tu vas continuer à nouer des liens avec d’autres filles comme toi. Elles existent, tu en rencontre de plus en plus. Elle viennent te voir en privé sur les réseaux sociaux pour te remercier de ce que t’as commenté, elles t’approchent discrètement juste avant de partir d’un party pour te remercier d’avoir tenu ton bout contre la personne qui commençait toutes ses phrases en disant « moi je connais une travailleuse du sexe et elle dit que c’est une job normale ».

Et ça te fait sentir plus forte contre tous/tes ces gauchistes, ces féministes, ces conservateurs, ces étatistes, ces légalistes, ces insensibles, ces clients et ces patrons.

Et là, tu te sens moins seule.

Deux filles de l’industrie, dont l’une qui remercie sa meilleure amie pour tout et plus encore.

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